Portable et charge mentale

La rentrée 2017 a été marquée par la volonté de Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Education, d’interdire dès 2018 les portables au collègue. L’objectif est de « protéger les élèves de la dispersion occasionnée par les écrans et les téléphones »[1]. Le taux de connexion chez les 12-17 ans étant de 96%, rares sont aujourd’hui les adolescents qui ne possèdent pas un téléphone mobile avec un accès au réseau Internet ou au wifi familial et qui ne sont donc pas consommateurs de nombreux contenus multimédias par les réseaux sociaux (Snapchat, Instagram) et les sites de vidéos (Youtube)[2]. L’usage excessif des TIC entraîne une baisse de la concentration, de la créativité[3], une dépense excessive d’énergie[4] et d’attention[5] envers les TIC, ainsi qu’une impression d’être constamment connecté sans même avoir à consulter son outil informatique. En effet, le sentiment d’être connecté peut devenir permanent chez les individus, qui utilisent quotidiennement les TIC. Ainsi nous avons choisi comme objet d’étude de notre enquête, la charge mentale, aussi appelée cognitive overload[6] ou information overload, causée par les usages des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) à l’exemple de l’usage d’un smartphone chez les jeunes adolescents de 12 à 14 ans, scolarisés en sport-études. La tranche d’âge étudiée regroupe des individus commençant ou étant aux prémisses de leur utilisation des TIC et plus précisément d’un smartphone, d’une tablette ou encore d’un ordinateur. Ces âges coïncident aussi avec le début de la prise d’autonomie chez l’adolescent et le pré-adolescent du point de vue familial. L’attention de l’adolescente, que nous avons interrogée dans le cadre de notre étude, se partage entre ses canaux d’informations, les cours scolaires et les cours sportifs ou artistiques suivis dans le cadre d’une formation sport-études d’excellence. C’est ce que nous appelons la charge mentale des TIC, qui peut mener aux burn-outs et à des cas de déconnexion radicale[7]. Qu’est-ce que la charge mentale induite par l’hyperconnection aux TIC ? Comment se manifeste-t-elle chez les plus jeunes utilisateurs de smartphone et par quels dispositifs peut-elle être contenue, maîtrisée ?

L’entretien a été réalisé sous forme semi-directive, en face-à-face. La partie photographique de l’enquête met en évidence l’univers visuel auquel l’enquêtée est confrontée par le biais des interfaces Snapchat et Instagram. Cette enquête photographique a nécessité d’une part une mise à disposition par l’enquêtée de contenus personnalisés lui étant adressé par les algorithmes des réseaux-sociaux cités précédemment. D’autre part, la photographe a étudié sur trois semaines, le contenu d’actualité nommé « Discover » proposé par Snapchat. Celui-ci donne à voir à chaque utilisateur, quelque soit son âge et son usage de la plateforme des « articles » évoquant des thématiques extrêmement variées. On y trouve des sujets sur la sexualité, l’actualité internationale, l’actualité people ainsi que biens d’autres sujets, évoqués sous forme de montages colorés et de phrases « choc ».

Quand la déconnexion n’est que l’illusion d’une coupure nette avec les TIC

Avant d’analyser la charge mentale causée par l’utilisation des TICS en tant que telle, il convient de faire un bilan des usages des jeunes de 12 à 14 ans en France. Par jeunes, nous entendons les enfants de 0 à 18 ans, conformément à la définition de la Convention internationale des droits de l’enfant.

Ce graphique montre la croissance constante des usages du téléphone mobile de 2003 à 2016. Naviguer sur internet reste l’usage le plus commun d’un téléphone portable, bien que d’autres usages s’ajoutent progressivement dès 2010 et 2014. Remarquons cependant que regarder des vidéos est en quatrième position.

CREDOC, Le baromètre du numérique, étude réalisée pour l’Arcep, le CGE et l’Agence du numérique en 2016.

Il est important de noter que la tranche d’âge des 12-17 ans est restée la plus dépendante à internet entre 2011 et 2016 et la proportion d’individus de cette tranche d’âge a même augmenté de 5% en l’espace de 5 ans. Les jeunes font donc partie des individus qui sont le plus régulièrement confrontés à l’offre considérable proposée par le Web. A titre d’exemple, Daniel Levitin dit au cours de son Google Talks sur l’information overload que l’internaute serait capable de voir les 6 000 heures de vidéos chargées par heure sur Youtube uniquement s’il regardait 6 000 écrans en simultané. L’utilisateur d’un seul écran est de toute évidence sur-sollicité. Nous nous sommes demandé au cours de notre enquête comment les jeunes usagers des TIC géraient cet excès de sollicitations.

  • Le terrain

Notre terrain est constitué d’une collégienne de 13 ans, issue d’une famille de cadres, au niveau de vie aisé. L’enquêtée poursuit la même formation sport-études que sa mère dans l’objectif de faire le même métier qu’elle. Sa mère, dont la carrière d’athlète est brillante, lui sert d’exemple et de conseillère, puisqu’elle peut lui demander des éclaircissements quand elle doit améliorer sa performance. Voici un extrait de l’entretien à ce sujet:

Quand on te donne une correction (critique pour améliorer une performance), tu mets combien de temps pour l’appliquer ?

Une journée. Je les comprends plus vite aussi parce que j’ai ma mère, quand je rentre le soir je lui demande et le lendemain je l’applique.

  • Ses méthodes d’apprentissage

Dans ce cadre d’apprentissage et de travail, la technologie a une place limitée dans la transmission de savoir, qui se fait surtout oralement en cours pratique et à la maison. Pour l’enseignement théorique, l’utilisation d’une tablette est cependant imposée par l’école. La formation sportive est caractérisée par des spectacles accessibles au public, par l’apprentissage d’une maîtrise du corps et par la répétition d’exercices dans l’objectif d’atteindre un haut niveau. Ce cadre d’apprentissage et de travail particulier permet à notre enquêtée d’optimiser sa compétitivité pour une entrée plus aisée dans le monde professionnel. Les écoliers sont responsabilisés très tôt et prennent conscience de l’importance d’une bonne hygiène de vie pour augmenter leurs chances de réussite.

Tu peux te concentrer après avoir utilisé ton téléphone ?

Non pas du tout. Je sais que je mets beaucoup plus de temps pour m’endormir quand j’ai utilisé mon téléphone. Quand on est [athlète], on apprend tôt à se gérer, on sait que se coucher tôt, c’est important.

  • TIC et apprentissage

Pour la préparation de certaines performances, notre enquêtée consulte des vidéos sur Instagram pour vérifier des mouvements. Son usage de ce réseau social est surtout professionnel, alors que Snapchat relève plus de la sphère privée, puisqu’elle y échange avec ses ami-e-s. Ainsi, les TIC sont également utilisés dans un but didactique en vue d’une amélioration de soi et pas seulement avec un objectif communicationnel ou récréatif. Il s’agit d’un effet vertueux obtenu par les TIC, bien qu’il s’agisse d’un usage minoritaire chez notre enquêtée et chez les usagers de sa classe d’âge. Nous verrons que l’effet vicieux, la charge mentale, est le résultat d’un quasi dressage effectué par les TIC afin que l’usager prenne le pli, l’habitude, de consulter régulièrement son outil informatique – qu’il y ait une nouvelle information ou pas.

Il est également important de noter que cette formation occupe une place importante dans la vie de famille, puisque le petit frère âgé de 8 ans est également préparé à intégrer ce milieu scolaire et professionnel de prestige. Les déplacements journaliers du foyer à l’école sont la raison principale pour laquelle la famille de l’enquêtée lui a offert un smartphone à son entrée à l’école à 10 ans. Le smartphone est ainsi une garantie de sécurité pour les parents et un signe important de prise d’autonomie pour l’enquêtée. En semaine, elle l’utilise pour écouter de la musique pendant ses trajets en transports en commun. La mère de l’enquêtée lui a créé sa première boîte mail à l’âge de 9-10 ans « pour que je garde contact avec mes amis du cirque que je ne voyais pas souvent, c’était avant que je ne rentre à l’école. » Dès son entrée à l’école à l’âge de 10 ans, elle reçoit « un téléphone à clapet avec les pinguins » en raison des ses trajets en RER. Elle rejoint les réseaux sociaux vers 11 ans. Ils sont liés à sa vie sociale, puisque c’est également à cet âge qu’elle va voir un film au cinéma pour la première fois sans ses parents et qu’elle prend le métro seule. Elle a cependant pu rester seule à la maison plus tôt, puisqu’elle est « l’aînée et que (s)on frère ne peut pas rester tout seul« . Il est accompagné par sa mère au cours des déplacements à l’extérieur. Chez notre enquêtée, l’accès aux TIC reste néanmoins très limité en raison de son emploi du temps chargé en semaine et des règles instaurées par l’école et par sa mère. Sa journée type en semaine est la suivante : levé à 6h30, sa nounou vient la chercher, cours scolaire 8h-12h, pause déjeuner 12h-12h30, sport 13h30-15h, cours complémentaire, histoire de l’art, fin de la journée : 16h30 ou 18h30. En week-end « ça varie, ce n’est jamais la même chose ». L’utilisation des TIC reste bas en semaine, puisqu’il existe des restrictions à l’école. Il est obligatoire d’y éteindre son téléphone portable et la prise d’images est formellement interdite en raison de droits à l’image. « Déjà à l’école, on n’a pas le droit de montrer nos têtes ou de dire un endroit précis où on est. »

L’utilisation du smartphone se limite donc surtout à « la pause entre 10h15 à 12h30, mais en général (on) ne les utilise jamais ». A la maison, l’utilisation du portable est aussi limitée, puisque « ça dépend si j’ai des contrôles le lendemain, sinon j’allume pas le portable. » Cependant, notre enquêtée utilise son portable dans un but récréatif dès qu’elle en a l’occasion, surtout quand elle est seule : « si je n’ai rien, que ma mère rentre tard avec mon frère et que je suis seule, j’allume mon portable. »

Ainsi pour résumer, notre enquêtée utilise les TIC quatre jours par semaine (mercredi, jeudi et les journées du samedi et du dimanche). Elle est sur les réseaux sociaux d’Instagram (usage professionnel, sphère de la danse) et Snapchat (usage récréatif, sphère conversationnelle), et regarde des vidéos sur Youtube « parfois quand j’ai le temps« . Le choix de Snapchat s’est fait par défaut (« bin pour avoir Snapchat« ) pour ne pas être exclue du groupe d’ami-e-s qui l’utilise, alors que le choix d’Instagram est motivé par le contenu esthétique et thématique proposé (« belles images et vidéos« ) et la possibilité de promouvoir sa carrière future.

La charge mentale ou la fragilité des « individus-instant »[8]

En comparaison à la moyenne des jeunes, nous pouvons constater que notre enquêtée n’est pas un cas d’hyperconnection aiguë. Son cadre familial et institutionnel valorise la déconnexion et impose un cadre normatif avec des règles strictes. Son utilisation de Snapchat révèle cependant une bonne compréhension et une utilisation habile des outils mis à disposition par le réseau social pour sommer son interlocuteur de répondre dans l’urgence.

En effet, son utilisation des TIC est conforme à leur idéologie de « contrôle permanent de l’adhésion de chacun » (Aubert, 2006) au moyen d’injonctions, impératifs, sollicitations et pressions, rendant ainsi « une hyperréactivité dans l’immédiat » (Aubert, 2006) nécessaire. Notre enquêtée préfère en effet Snapchat à cause de la confirmation de lecture qu’elle reçoit : « au moins Snapchat, tu vois s’il l’a vu ou pas, et il est obligé de répondre, du coup tu as plus vite une réponse par Snapchat que par message normal. » Les TIC sont en effet porteurs d’une « idéologie de l’activité, de l’autonomie et de la responsabilité individuelle »(Granjon, 2009). Alors même que notre enquêtée et ses camarades suivent une formation basée sur l’amélioration constante de leurs résultats personnels, son utilisation des TIC est tout aussi conforme « aux injonctions d’un individualisme contemporain qui demande performance et optimisation de soi (Ehrenberg, 1991 ; Beck, 2008). La représentation commune de l’usager de l’informatique connectée entre en résonance forte avec celle de l’individu entrepreneur de sa propre vie, référence hégémonique du contexte social global, valorisant le détachement des repères collectifs au profit de la performance individuelle et de l’autoréalisation. Pro-activité, « risquophilie », responsabilisation, management de son existence, travail de ses intérêts personnels, acceptation de la concurrence avec les autres, etc., tels sont les « savoir-être » censés imprégner l’usager des TIC. » (Granjon, 2009). La discipline, une méthode de travail rigoureuse, l’injonction à l’amélioration et à la gestion autonome de soi et de ses atouts sont les ponts les plus importants que nous avons pu remarquer entre l’utilisation des TIC et la formation de notre enquêtée.

La formation sport-études de notre enquêtée la « somme d’être un individu autonome, agissant, compétent, capable de tenir ses objectifs » (Granjon, 2009). Ce cadre influe sur son utilisation des TIC, bien que la crainte d’être exclue d’échanges ludiques sur les réseaux sociaux reste tenace chez notre enquêtée. Quand on lui demande si elle a l’impression de devoir rattraper tout son retard après une période de déconnexion relative, elle répond : « L’année dernière oui, je passais mon week-end sur les réseaux sociaux. Maintenant, je trouve ça bête de voir toutes les photos que les gens ont postées. Je faisais aussi des flammes sur Snapchat, mais j’ai arrêté. Surtout j’ai arrêté grâce à ma mère, parce que je me faisais engueuler. » Ainsi, même chez les jeunes issus d’un cadre familial et scolaire favorable à la déconnexion, les réseaux sociaux réussissent à leur imposer leur « tyrannie de la sociabilité » et leur « injonction de la visibilité » (Bourdeloie, 2012) surtout par le biais du divertissement. Ces médias sociaux imposent aussi des contenus ciblés, plus ou moins adapté à la cible, utilisant de nouvelles formes de communication pour diffuser des contenus sensibles. Le contenu de l’actualité « Discover » au sein de Snapchat est imposé à l’utilisateur et propose des sujets sensibles, violents autant que des articles légers. Voici l’avis de notre enquêtée sur les articles et informations diffusés sur Snapchat : « C’est horrible ça. Mon frère a installé Snapchat parce qu’il a une petite copine. Il a demandé à maman d’installer Snapchat. Et des fois je me dis mon frère il voit ça ! Moi, je ne regarde pas. En fait, je vois des photos où c’est un peu bizarre mais je ne regarde pas souvent. Des fois je dis à maman, ne le laisse pas aller sur Snapchat parce qu’il y a quelque chose de bizarre. Des images pas correctes. » Des contenus à caractère violent, sexuel ou sexiste peuvent ainsi marquer les utilisateurs des TIC dès leur plus jeune âge. Quand on lui demande comment elle fait pour éviter de regarder ce type de contenu, elle répond :  « Le pire c’est que tu es obligée, quand tu veux voir la story des gens, tu es obligée de passer dessus. » Les images qu’elle a retenues sont « des histoires des viols. Des choses qui ont rapport avec ça. Là par exemple la dernière chose que j’ai vu, c’est comment se refaire les seins, c’est bizarre quoi. » Les TIC peuvent ainsi canaliser l’attention de l’usager d’une part et le déstabiliser dans ses propres convictions ou représentation de soi d’autre part.

 

Ainsi, un portable est souvent offert à un jeune pour des raisons de sécurité dès qu’il se déplace sans ses parents. Sauf que l’utilisation récréative prend sans conteste le dessus sur un usage instrumental du téléphone portable (réveil, appel en cas de problème). Il est difficile pour la tranche d’âge des 12-14 ans de renoncer aux TIC en dépit de leurs contenus inappropriés, puisque le développement personnel des jeunes de cette tranche d’âge passe en grande partie par la sociabilisation avec ses pairs et par la crainte de leur mépris. Le besoin de « se voir confirmer son moi par autrui » (Granjon, 2009) instaure la « reconnaissance […] comme un processus social indispensable à la réalisation de soi en tant que personne autonome » (Granjon, 2009). Un cadre normatif imposé par les parents et par l’école fréquentée par le jeune semble impératif pour limiter sa charge mentale ou information overload, bien que les mesures déjà mises en oeuvre n’empêchent pas le jeune d’échapper au cadre qui lui est imposé. Les outils de recherche et les réseaux sociaux devraient leur permettre de s’informer uniquement sur des sujets qui les intéressent, plutôt que de les surcharger mentalement avec des canons de beauté, qui ne leurs correspondent pas et avec des sujets, qui ne sont pas de leur âge.

[1] https://www.lexpress.fr/actualite/societe/laicite-predicat-portable-au-college-ce-que-blanquer-a-dit-a-l-express_1943072.html

[2] CREDOC, Enquête sur les « Conditions de vie et les Aspirations », juin 2015. 81% des 12-17 ans sont equipés d’un smartphone, contre 58% de la population en moyenne.

[3] Psychological Science, 2016: Les chercheurs Shira Baror et Moshe Bar ont mené une étude à Bar-Ilan University (Israel) pour démontrer que la créativité baissait à mesure que la charge mentale (retenir une série de 7 chiffres par exemple) augmentait.

[4] « I was bombarded with TV sets and magazines (…) by the refuse, by the excess of the world… I thought that if I could paint or make an honest work, it should incorporate all of these elements, which were and are a reality », in Hughes R. (1981), The Shock of the New, New York: Alfred A. Knopf, p.345.

[5] Levitin D.J. (2015), The Organized Mind: Thinking Straight in the Age of Information Overload, Penguin UK. https://www.theguardian.com/science/2015/jan/18/modern-world-bad-for-brain-daniel-j-levitin-organized-mind-information-overload

[6] Le danger de contre-performance des employés a motivé les premières études managériales sur la surcharge digitale ou digital overload en 2010. Smith, N.(08.11.2010), Digital Overload: Too Much Technology Takes a Toll, Business News / Pappas, S. (09.11.2010), Digital Overload: Is Your Computer frying your Brain?, Livescience.

[7] Jauréguiberry F. (2014)

[8] Aubert N. (2006)

Bibliographie

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Aubert N. (2006), Hyperformance et combustion de soi, in Etudes, Tome 405.
Bourdeloie H. (2012), L’appropriation des dispositifs d’écriture numérique : translittératie et capitaux culturel et social, in Etudes de communication, n° 38.
Buci-Glucksmann C. (2002), La Folie du voir: Une esthétique du virtuel, Paris: Éditions Galilée.
Chaulet J. (2009), Les usages adolescents des tic, entre autonomie et dépendance, in Empan, n°76.

CREDOC, Le baromètre du numérique, étude réalisée pour l’Arcep, le CGE et l’Agence du numérique en 2016.
Granjon F. (2009), Inégalités numériques et reconnaissance sociale Des usages populaires de l’informatique connectée, in Les Cahier du numérique, Vol. 5.
Hughes R. (1981), The Shock of the New, New York: Alfred A. Knopf.
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Jauréguiberry F. (2003) , Les branchés du portable. Sociologie des usages, Paris, PUF, coll. « Sociologie d’aujourd’hui ».
Jehel S. (XXXX), Au-delà de la « révolution » numérique, la banalité de la technologie.
Kaufmann J-C. (2003), Tout dire de soi, tout montrer, in Le Débat, n° 125.
Levitin D.J. (2015), The Organized Mind: Thinking Straight in the Age of Information Overload, Penguin UK.
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Proulx S. (2015), Inclusion numérique, appropriation, participation : ce que l’usage des technologies peut faire au changement social, in Daghmi, F., F. Toumi et A. Amsidder, dir. (2015), Médias et changements. Formes et modalités de l’agir citoyen, Paris, L’Harmattan.
Revel J. (2005), Expériences de la pensée, Paris, Bordas, p.209
Ricoeur P. (1990), Soi-même comme un autre, Paris, Seuil.
Smith, N.(08.11.2010), Digital Overload: Too Much Technology Takes a Toll, Business News.

Enquête menée par Anna S. et Lisa G. – Oct. à Déc. 2017

2 Replies to “Portable et charge mentale”

  1. La première partie de votre enquête est selon moi très intéressante. En effet, elle établit une large contextualisation de l’utilisation des TIC par la société et plus précisément chez les jeunes de 12 à 14 ans. Ce pendant une question me vient à l’esprit, vous dites que l’usage des TIC fait baisser la créativité des plus jeune. Hors, nous voyons une augmentation des influenceurs et des youtubeurs, qui, pour moi sont de réels créateurs. Je voudrais avoir un point de vu de votre part sur cette question.

    Dans cette première partie faisant part d’un état des lieux plus précis de la consommation des jeunes sur le numérique par le biais de leur téléphone portable, je trouve très intéressant de mettre en évidence ces schémas, malheureusement nous n’avons pas la source indiquée… J’aimerais aussi avoir des renseignements à propos de « Daniel Levitin » que malheureusement, je ne connais pas…

    La partie mettant en avant le terrain étudié, évoquant cette jeune athlète met bien en avant le caractère particulier dans lequel cette personne évolue, nous avons alors des bases bien misent en valeurs, ce qui nous permet de bien comprendre le contexte.

    Grace à la partie mettant en avant les motivations à utiliser tel réseau social, nous comprenons bien les enjeux autour de chaque plateforme. Nous voyons que, malgré le principe proche de ces applications (Instagram et Snapchat), nous voyons qu’il y a des logiques très diverses.

    Pour résumé, je trouve qu’il s’agit d’un article très intéressant, avec un bon état des lieux, mais également avec un terrain intéressant, permettant d’avoir un œil nouveau sur une « vie » peu connue. En effet, il m’est rare de côtoyer des athlètes de haut niveau.

    On voit également que les images diffusées ne sont pas forcément en accord avec l’âge de la personne ce qui peut donner des dérèglements. Ce pendant, outre les remarques faites précédemment, j’ai trouvé certains petits désagréments. Malheureusement, nous n’avons pas de réelles informations à propos du « Discover » de Snapchat, ce qui peut perdre un peu des internautes n’utilisant pas ce réseau. Cet article ne parle selon moi très peu de la charge mentale engendrée par l’utilisation des réseaux sociaux sur les téléphones portables. Il me semblerait intéressant de pouvoir étudier ce terrain d’une manière sociologique. Comment cette jeune personne s’est tournée vers la danse classique ? Qu’elle est l’impact, quand nous vivons dans une famille particulière, sportive, artistes sur les espérances professionnelles ?

  2. Merci Clément pour ta vigilance, les schémas proviennent de l’étude « Le baromètre du numérique » réalisée par le CREDOC pour l’Arcep, le CGE et l’Agence du numérique en 2016.
    Par contre, Discover a été décrit en fin d’introduction comme un contenu d’actualité, qui « donne à voir à chaque utilisateur, quelque soit son âge et son usage de la plateforme, des « articles » évoquant des thématiques extrêmement variées. On y trouve des sujets sur la sexualité, l’actualité internationale, l’actualité people ainsi que biens d’autres sujets, évoqués sous forme de montages colorés et de phrases « choc ». »

    Pour répondre à ta question sur l’influence des TIC sur la créativité, la baisse de la créativité causée par la charge mentale n’est pas incompatible avec l’apparition des youtubers et des influencers. Il s’agit de bien distinguer ce qui est utilisé pour créer une oeuvre de ce qui est utilisé pour la faire connaître. Les TIC sont utilisés par les artistes comme un médium, un outil de communication pour trouver et fidéliser leur public. Les TIC ne sont pas une matière première: ils offrent juste différents formats virtuels (image, vidéo, enregistrement son) qui permettent de partager plus facilement et rapidement leur travail avec des internautes du monde entier. Si on prend l’exemple de Youtube, des musiciens sont créatifs en premier lieu avec leurs instruments, les humoristes avec les mots, avant de faire une captation vidéo de leur performance. En regardant une vidéo Instagram d’un athlète, on ne jugera pas sa créativité en analysant son utilisation des TIC, mais en se basant sur sa performance physique. De même pour un photographe, qu’on ne jugera pas sur son choix de filtres, mais bien plus sur la composition de l’image. La seule personne capable d’être créative en utilisant la matière première des TIC que sont les algorithmes est le programmeur. La créativité dont tu parles très probablement est visible dans le produit (vidéo humoristique, court-métrage documentaire, vlog, haul etc…) qui est présenté à la caméra, mais ce produit pourrait être tout aussi bien présenté dans un showroom, sur une scène de théâtre (et beaucoup de youtoubers sont tentés par l’aventure du one man show). Les TIC sont donc pour la grande majorité utilisés comme des estrades, mais ils ne sont pas la matière première des créations des youtubers et autres influencers.

    Pour te le présenter en quelques mots, Daniel Levitin est un neuroscientifique canadien de réputation mondiale, bien que sa couverture médiatique soit limitée en France (comme c’est souvent le cas pour les chercheurs américains). Il a d’abord travaillé dix ans dans l’industrie du disque, où il a collaboré avec Stevie Wonder et Eric Clapton. Il était aussi actif pendant deux ans dans la think tank Interval Research Corporation de la Silicon Valley. Après avoir enseigné à l’université Stanford (USA), il est actuellement James McGill Professor Emeritus au Département de Psychologie à l’université McGill (Montréal, Canada). Ses ouvrages de vulgarisation scientifiques sont des bestsellers entre autres du New York Times : This Is Your Brain on Music (2006), The World in Six Songs (2008) et l’ouvrage auquel cet article fait référence : The Organized Mind (2014). Il présente souvent ses livres au cours de ses participations aux TEDx Talks, Microsoft Research et aux Talks at Google.

    Nous n’avons effectivement pas abordé la question de la charge mentale induite par l’utilisation des réseaux sociaux via le téléphone portable, puisque nous voulions observer comment l’attention d’une jeune adolescente pouvait se partager avec plus ou moins de succès entre les cours académiques, les cours de sport et le portable. Comme les réseaux sociaux alimentent de plus en plus la charge mentale, ce serait définitivement un sujet à creuser !

    Il est vrai que des enregistrements vidéos de performances d’athlètes peuvent influencer la nouvelle génération dans leurs choix de carrière. Le cadre familial peut aussi favoriser le choix du sport en comparaison à d’autres orientations professionnelles. Les médias mettent beaucoup d’ « enfants de » en avant et certains arrivent à succéder dignement, si ce n’est dans les cas rares brillamment, à leur parent. Mais ces cas de succession de parent à enfant reste assez rare dans le domaine du sport et du spectacle vivant, puisqu’une grande partie des grands sportifs vient de familles au niveau de vie assez bas. Leur succès est d’autant plus admiré qu’il témoigne d’une prise de revanche sur leur condition sociale d’origine.

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